18.02.2025 09:33 – Reto Naegeli
Le lobby des paysans au Parlement
Avec la candidature de Markus Ritter, président de l'Union suisse des paysans, au Conseil fédéral, le pouvoir du lobby paysan est au centre de l'attention. Différents articles de presse (par ex. watson) mettent en lumière la forte présence de l'agriculture dans la politique suisse. Un coup d'œil dans la base de données de Lobbywatch montre le grand pouvoir des agriculteurs: 40 parlementaires appartiennent au groupe de lobbying agriculture en général; 91 parlementaires fédéraux ont même un lien avec le secteur de l'agriculture. Compte tenu du fait que seuls 2 % de la population suisse travaillent dans ce secteur, l'influence de l'agriculture semble disproportionnée. L'Union des paysans, présidée par Ritter, est un acteur particulièrement puissant dans ce système de lobbying. Véritable machine à faire campagne, elle forge des alliances efficaces – par exemple avec Economiesuisse ou l’Union Suisse des Arts et Métiers. Il reste à voir si un représentant d'intérêts aussi dur à cuire pourra ou non se glisser dans un nouveau rôle au Conseil fédéral.
Conseiller aux États ou lobbyiste?
Au moins, l'influence du lobby des agriculteurs est visible au Parlement. Mais il existe aussi des liens moins visibles entre la politique et le lobbying. Un nouvel exemple est fourni par le Conseiller aux Etats PLR Benjamin Mühlemann. Il travaille depuis peu en tant que Senior Advisor Public Affairs auprès de l'agence de lobbying IRF, comme le rapporte Infosperber. Cette double fonction – conseiller aux Etats et lobbyiste – soulève des questions. La coprésidente de Lobbywatch, Priscilla Imboden, explique pourquoi cela pose problème: «Si le conseiller aux Etats Benjamin Mühlemann conseille des clients de l'agence IRF dans leur communication vers l'extérieur, cela ne pose pas de problème. Mais s'il fait du lobbying pour des clients de l'agence IRF au Palais fédéral, c'est problématique. En effet, contrairement à ses fonctions, l'électorat ne peut alors pas savoir quels intérêts privés il défend au Palais fédéral».
Mühlemann ne précise pas si les mandats de son nouvel emploi seront divulgués. A ce jour, aucune information n'est disponible sur le site des services du Parlement. Le problème: les élu-e-s sont certes tenu-e-s de déclarer leurs mandats extraparlementaires, mais aucune instance officielle ne vérifie l'exhaustivité ou l'exactitude de cette auto-déclaration.
Et c'est précisément pour cela que Lobbywatch est nécessaire: En 2024 seulemente, nous avons découvert plus de 200 mandats soumis à déclaration qui n’avaient pas été déclarés. Soutenez-nous en devenant membre!