04.12.2024 09:27 – Etienne Kocher
Le 24 novembre, 53% du peuple suisse refusait d’investir près de 5 milliards de francs dans l’aménagement des autoroutes. Un résultat obtenu malgré un mystérieux operation du lobby automobile et qui montre combien la transparence est encore imparfaite au Parlement.
En Suisse romande, personne n’a entendu parler de Wankdorf-Schönbühl ou du tunnel de Rosenberg. Le débat public sur les autoroutes s’est exclusivement limité à l’élargissement de l’A1 entre Coppet (VD) et Le Vengeron (GE). Un projet «pour les romands», rajouté à la dernière minute dans l’étape d’aménagement 2035 des routes nationales par la Commission des Transports et des Télécommunications du Conseil national (CTT-N).
Essentiel pour obtenir le soutien des citoyens romands à l’ensemble du paquet d’infrastructures, cet ajout stratégique n’était demandé ni par les cantons romands ni par le Conseil fédéral. En revanche, les membres de la commission qui l’ont défendu ont un intérêt direct -mais discret- à agrandir les autoroutes : un grand nombre d’entre-eux sont rémunérés par les lobbies de la construction et du transport routier.
Un petit tour sur le site de Lobbywatch le montre: plus d’un quart des membres de cette commission sont salariés par des organisations qui profitent de l’agrandissement des autoroutes.
Qu’il s’agisse du président de l’Automobile Club ou d’un conseiller pour les importateurs de voitures, du président des motards ou encore de la présidente des entreprises de dépannage, la plupart des membres de la CTT-N ne dévoilent pas le montant de leurs indemnités. Certains ne déclarent même pas tous leurs liens d’intérêts.
La transparence est pourtant possible: le libéral-radical bernois Christian Wasserfallen rend public, sur notre site, le revenu de 90'000 CHF par an qu’il reçoit en tant que président de l’association des entreprises de construction d’infrastructures.
La rémunération des mandats est une information essentielle pour connaître les intérêts qui s’expriment aussi derrière les discours de campagne. Et ce peu importe le camp politique: la CTT-N compte aussi dans ses rangs des parlementaires rémunérés par l’ATE ou la communauté des transports publics.
Aujourd’hui encore, seul un tiers des parlementaires déclarent combien ils gagnent avec leurs mandats. Lobbywatch s’engage depuis dix ans pour augmenter cette transparence. Nous avons besoin de votre soutien pour continuer à remplir cette mission.