09.09.2024 09:16 – Balz Oertli
L'UBS, l'association faîtière EconomieSuisse et une héritière de Sika : Pour la première fois, les partis nationaux ont dû dévoiler une partie de leurs donateurs. Un coup d'œil sur les chiffres montre toutefois que l'on ne sait toujours pas quel parti dispose de combien d'argent. Il apparaît toutefois clairement que la politique suisse est fortement tributaire des grands donateurs. Depuis l'introduction des nouvelles règles de transparence sur le financement de la politique à l'automne dernier, la politique nationale est obligée de donner un aperçu partiel de ses finances. Les leaders de campagne ont déjà dû dévoiler leurs finances au Contrôle fédéral des finances pour trois scrutins. Désormais, les partis représentés au Parlement ont également dû annoncer pour la première fois le montant de leurs recettes pour l'année écoulée.
Pas de comparaison possible
La Suisse ne connaît pas de financement officiel des partis: à l'instar du club de gymnastique local, les partis dépendent des dons et des cotisations de leurs membres. Lobbywatch critique depuis des années le manque de transparence dans le financement des partis en Suisse. La publication des recettes annuelles semblait répondre à une vieille revendication. Si l'on suit les budgets publiés, le PS semble être de loin le parti le plus riche. Avec 9 millions, il a gagné l'année dernière un tiers de plus que l'UDC, qui occupe la deuxième place. Mais: les recettes totales des partis n'ont qu'une signification limitée, car elles ne permettent pas de comparer les partis entre eux. Ainsi, le PS a déclaré plus de 600'000 francs de cotisations pour 2023. En revanche, le parti du centre n'en verse aucune. La même situation se présente pour les chiffres relatifs à la «vente de biens et de services». Là aussi, le PS a déclaré des recettes de plus de 600'000 francs. L'UDC n'a gagné que 60'000 francs.
L'une des raisons principales est que seul le parti national est soumis à l'obligation de publication, et non ses sections cantonales. Plus un parti est organisé de manière centralisée, plus il doit publier ses finances. Il en va de même pour les comités: plus un parti mène de campagnes lui-même et ne délègue pas à des comités ou à des tiers, plus il doit déclarer de moyens financiers au CDF.
Certes, le PS suisse a réalisé les recettes les plus élevées en 2023, mais cela ne fait pas automatiquement de lui le parti le plus riche. Cela pourrait aussi s'expliquer par le fait qu'il est plus centralisé ou qu'il mène lui-même davantage de campagnes, contrairement à d'autres partis. Les chiffres disponibles ne permettent toutefois pas de l'affirmer. Une véritable comparaison entre les partis n'est donc pas possible sur la base des nouvelles données.
Le CDF l'a d'ailleurs reconnu lors d'un entretien avec les médias: Les chiffres ne montrent pas qui a le plus d'argent, mais seulement à quel point les partis sont organisés différemment.
La Suisse, pays de banques
Les dons aux partis sont plus révélateurs que les recettes totales. Les partis doivent les publier à partir d'un montant de 15'000 francs. Et ces chiffres sont impressionnants: l'année dernière, les dix plus grands donateurs ont offert 6 millions aux partis. Cela représente 20 % du budget total de tous les partis. C'est l'UBS qui a versé le plus d'argent en 2023. La grande banque a versé 1,125 million aux partis UDC, PRD, centre et PVL. Les déclarations de personnes issues de différents secrétariats de partis, selon lesquelles l'UBS ne soutient que les partis qui s'engagent en faveur de la place bancaire suisse, vont dans ce sens. Le deuxième bailleur de fonds est EconomieSuisse – qui a également attribué un million au camp bourgeois. En revanche, le camp de gauche a bénéficié du troisième don le plus important: Il s'agit du million déjà connu de l'héritière de Sika Carmita Burkard au budget de campagne des Verts.
Un coup d'œil sur les différents secteurs est également révélateur. Les banques et les assurances sont en tête: Avec 3 millions de francs, elles contribuent à hauteur de 10% au budget du parti. Viennent ensuite les associations économiques, l'industrie et la pharmacie.
Secteur | Montant |
---|---|
Banques | CHF 1'679'685.00 |
Assurances | CHF 1'429'921.20 |
Associations économiques | CHF 1'326'425.25 |
Industrie | CHF 529'599.00 |
Pharma | CHF 475'000.00 |
Aliments | CHF 210'000.00 |
Automobile | CHF 185'000.00 |
Airline | CHF 150'915.00 |
Tabacce | CHF 70'000.00 |
ONG environnementale | CHF 25'000.00 |
Logistique | CHF 20'000.00 |
Les Verts en demandent le plus
Les partis ont également dû publier le détail de leurs contributions aux mandats - c'est-à-dire combien les conseillers nationaux et les conseillers aux États, ainsi que les personnes qu'ils ont élues, versent à leur parti. Outre les membres du Parlement, les juges fédéraux, les juges administratifs et pénaux fédéraux, le chancelier de la Confédération, le PFPDT et le Conseil fédéral versent également des contributions. Un schéma clair se dégage: la gauche des Chambres fédérales cède deux fois plus à son parti que le camp bourgeois. En 2023, les contributions aux mandats les plus élevées ont été versées par le PVL et les Verts, avec plus de 7'000 francs par personne. En comparaison, la moyenne chez les membres du PLR n'était que d'environ 2'500 francs.
Associations de donateurs «en partie opaques»
La publication des revenus des partis marque la mise en œuvre complète des nouvelles règles de transparence en matière de financement de la politique. Le CDF a tiré un premier bilan intermédiaire à ce sujet et a constaté, lors d'une conférence de presse, que les déclarations fonctionnaient dans l'ensemble bien. La transparence dans le financement de la politique s'est nettement améliorée, mais elle est encore loin d'être suffisante. Le CDF a notamment souligné que les acteurs pouvaient vérifier plus précisément l'origine de leurs fonds. La preuve du financement laisse souvent à désirer, en particulier pour les dons effectués par le biais d'associations de donateurs et de fondations.