18.01.2023 15:54 – Otto Hostettler
Les lobbyistes fêtent aussi le passage à la nouvelle année: ils renforcent leur influence en se procurant un pass d’accès au Palais fédéral.
Si un lobbyiste souhaite avoir un accès illimité au Palais fédéral, il lui suffit d'obtenir l’invitation correspondante. Chaque conseiller-ère national-e et aux États peut remettre un tel badge à deux personnes de son choix. Une évaluation de Lobbywatch montre aujourd'hui qu'avec la nouvelle année, plus d'une demi-douzaine lobbyistes ont obtenu un tel accès exclusif à la salle des pas perdus.
Ainsi, le Conseiller national radical neuchâtelois Damien Cottier a remis un tel badge d'accès au président d'Economiesuisse, Christoph Mäder. Ceci signifie que l'organisation faîtière de l'économie est désormais représentée par trois invités dans la salle des pas perdus. En effet, Frank Marty, membre de la direction d'Economiesuisse, possède déjà un tel accès (remis par le Conseiller national radical Beat Walti), de même que la lobbyiste en chef Norina Frey (octroyé par la Conseillère nationale libérale-radicale Kathrin Bertschy).
Lucas Schalch, qui dirige l'association professionnelle Intergenerika depuis octobre, est également nouveau au Palais fédéral. Schalch, directeur général du groupe pharmaceutique, reprend donc le badge d’accès d'Axel Müller, son prédécesseur à la tête d'Intergenerika. Le Conseiller national UDC de Bâle-Campagne Thomas de Courten - lui-même président de cette même association des fabricants de médicaments génériques - permet à Intergenerika d'accéder à la salle des pas perdus.
Pia Schneider, « Policy Coordinator » de l'organisation de protection des animaux Quatre Pattes, dispose désormais d'un accès exclusif à la partie non publique du Palais fédéral, Tout comme Nina Rindlisbacher, responsable des projets politiques de l'association Sonart, association suisse de musique, Dominik Knill, président de la Société Suisse des Officiers (SSO), ainsi que Sandra Tinner, directrice du Conseil Suisse de la Musique (CSM). Dina Wyler, nouvelle directrice de l'Association suisse des infirmières et infirmiers de santé publique (ASI), et David Rey, président du Syndicat des enseignantes et enseignants de Suisse romande, se sont eux aussi procurés un passeport d'invité.
Mais il y a aussi des lobbyistes qui ont renoncé à leur badge d’accès. C’est le cas de Dominik Waser, fondateur de l'organisation Agriculture du futur (AdF), un mouvement lié à la grève du climat. Adrian Steiner, responsable des affaires publiques de l'Union des Banques Cantonales Suisses, n'a plus non plus de badge d'accès.
Comme il n'existe pas de registre des lobbyistes en Suisse, chaque membre du Parlement peut remettre à sa guise une carte d'accès à deux personnes. Il n'y a pas de critères, les lobbyistes ne sont pas tenus de déclarer leurs liens d'intérêts et il n'y a pas non plus d'obligation de rendre des comptes. Les conseiller-ères nationaux-ales et aux États doivent simplement signaler les personnes aux Services du Parlement.
Lobbywatch plaide depuis des années en faveur d’un registre des lobbyistes transparent, dans lequel ce n'est pas la relation personnelle d'un-e parlementaire avec un-e lobbyiste qui est déterminante pour l'accès au Palais fédéral, mais simplement des critères de transparence objectifs.