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La transparence devient présentable

31.10.2023 07:50 – Thomas Angeli

Des dépenses élevées pour les campagnes, des politiciens transparents et une proposition qui a du potentiel : le bilan de Lobbywatch sur les élections fédérales.

Nous avons grandi, et nous en sommes très heureux : Dans les semaines précédant les élections, le nombre de nos membres a augmenté de plus de dix pour cent. Nous souhaitons la bienvenue à nos nouveaux compagnons de lutte pour plus de transparence en politique ! Les élections ne nous ont pas seulement apporté plus de soutiens, elles nous ont aussi permis de faire quelques découvertes. Petit spoiler : La plupart d’entre elles sont tout à fait réjouissantes.

Constatation 1 : De plus en plus de personnes s’intéressent à la transparence

Les personnes qui ont cherché les mots-clés «transparence» et «élections» dans la base de données des médias suisses pendant les deux mois précédant les élections du 22 octobre ont eu beaucoup à lire. Pas moins de 941 entrées y sont consacrées. Le fait que les candidats, les partis et les associations aient dû pour la première fois publier leurs budgets pour la campagne électorale a suscité un vif intérêt de la part du public et des médias. Lobbywatch a été présent dans le débat, notamment avec le site Internet moneyinpolitics.ch, que nous avons développé et mis en œuvre en collaboration avec le collectif de recherche WAV, le réseau de recherche investigativ.ch et opendata.ch. Grâce au succès d’un crowdfunding, nous pourrons également continuer à développer le site dans les mois à venir et à relier les données existantes à des informations supplémentaires.

Constatation 2 : un budget de campagne élevé n’est pas une garantie de succès

12›614›245 francs : c’est le montant des budgets des candidats du PLR. A cela s’ajoutent des campagnes d’un montant d’environ 1,9 million de francs, dont le PLR et ses candidats profitent également. Les radicaux avaient ainsi le budget le plus élevé pour les élections, devant l’UDC qui avait budgété 11›826›871 francs (et qui a également profité d’autres campagnes avec un budget d’environ 1,9 million). Le PLR s’est ainsi retrouvé à la troisième place, tandis que l’UDC est arrivée en tête. En deuxième position, on trouve le PS, qui disposait de beaucoup moins d’argent, à savoir 7,8 millions. Les candidats ont également montré qu’un budget élevé n’est pas un gage de succès : Donato Sconamiglio (UDC, ZH), qui disposait de la plus grande somme avec 370›972 francs, n’a pas réussi à se faire élire, tout comme le directeur de Swissmem Stefan Brupbacher (PLR, ZH), qui a investi 280›311 francs dans la campagne électorale. Sur les dix hommes et femmes politiques disposant des budgets les plus élevés, seuls cinq ont réussi à se faire élire.

Constat 3 : la transparence devient présentable

117 des 208 parlementaires qui se sont représentés ont déclaré à Lobbywatch tous les revenus qu’ils tirent de leurs activités au sein d’associations, de conseils consultatifs ou de conseils d’administration. Cela représente un joli 56 pour cent et donc nettement plus qu’avant les dernières élections, où seul un tiers des candidats à la réélection avait déclaré ces revenus. Dans les mois à venir, Lobbywatch va enquêter sur les liens d’intérêts des nouveaux élus et leur poser à eux aussi la question cruciale : «Dis, comment fais-tu pour la transparence ? Ou, formulé plus sobrement : «Veuillez indiquer le montant des revenus que vous tirez des différents liens d’intérêts». Nous sommes impatients de connaître les réponses.

Constatation 4 : la transparence devient présentable, même au Conseil des Etats

Lors de la liste de transparence de Lobbywatch, les conseillères et conseillers aux Etats n’avaient pas vraiment brillé. Seul un tiers environ des candidats à la réélection au Stöckli ont déclaré leurs revenus. Quelques jours avant les élections, la Commission des institutions politiques du Conseil des Etats a toutefois fait un pas surprenant : elle a approuvé une initiative parlementaire de la conseillère aux Etats genevoise Lisa Mazzone (Verts), selon laquelle les députés devraient à l’avenir déclarer leurs revenus dans des fourchettes. Mazzone propose sept catégories : La plus basse serait de 0 à 6000 francs, la plus haute devrait indiquer les revenus supérieurs à 200 000 francs. Le chemin parlementaire est encore long jusqu’à l’introduction d’une telle réglementation, mais nous constatons avec plaisir que les choses bougent - enfin.